Chapitres:
- 00:00 Je suis né à Vienne en 1924
- 05:51 Nous n’avons pas mesuré tout de suite le drame que constituait l’Anschluss
- 16:42 Vienne, Bruxelles, Toulouse
- 24:49 Nous n’étions pas au courant des lois de Vichy
- 29:15 Dans le camp d’Agde
- 34:07 Arrêtés à Revel, nous sommes conduits au camp de Noé
- 39:45 Le traitement inhumain commence là, à Drancy
- 46:20 Ma mère m’a attaché au cou son carré de soie
- 51:07 Dans le camp de Tarnowitz
- 01:00:46 Dans le sinistre camp de Schoppinitz
- 01:07:07 Dans le camp de quarantaine de Birkenau
- 01:13:36 Mon matricule 160610
- 01:22:43 Les conditions mortifères dans le camp de Birkenau
- 01:32:59 Nous devions transformer une briqueterie en usine de métallurgie
- 01:38:56 Je suis transféré au camp de Bobrek
- 01:48:50 Vers le 20 janvier, je saute du train et m’évade
- 01:57:17 Mon retour : de Cracovie, Odessa, vers Marseille
- 02:06:14 Il était difficile de faire comprendre la Solution finale
- 02:14:36 Mon épouse, ma psychanalyste
- 02:22:43 Que mon récit montre l’importance du respect de la vie, de l’Autre
1924, Vienne – 2020, Paris
Il naît dans une famille de la bourgeoisie juive autrichienne, sensible au sionisme et pratiquante. Il vit une enfance heureuse, entouré de sa sœur, ses parents et sa grand-mère. Sa vie change brutalement avec l’occupation de Vienne par les nazis et l’annexion de l’Autriche (Anschluss). Il découvre les humiliations, les persécutions. Ils émigrent clandestinement en novembre 1938 en direction de la Belgique.
En mai 1940, la famille est évacuée vers la France ; elle s’installe dans le Sud-ouest, à Revel, non loin de Toulouse. Paul ne va plus à l’école, il s’occupe du jardinage et effectue divers travaux domestiques tout en apprenant le métier d’ébéniste.
A la fin 1940, ils sont victimes de la loi de Vichy du 4 octobre 1940 qui autorise les préfets à interner les Juifs étrangers. Les Schaffer doivent rejoindre « un camp de famille », le camp de Noé, où sont internés essentiellement des Juifs réfugiés d’Allemagne et d’Autriche. Une amie de la famille, habitante de Revel, use de son influence auprès de la préfecture, permettant à la famille de quitter le camp pour être assignée en résidence surveillée.
A la suite de la rafle du Vel’ d’Hiv’, les Allemands font pression sur Laval chef du gouvernement de Vichy pour que les Juifs étrangers de la zone libre soient également déportés. Paul (17 ans) est arrêté le 26 août 1942 avec sa mère et sa sœur Erika (19 ans). Le père, malade, est jugé intransportable. Ils sont transférés au camp de Drancy et déportés à Auschwitz-Birkenau le 4 septembre 1942, par le convoi 28. Les deux femmes sont gazées dès leur arrivée.
De l’été 1942 à l’hiver 1945, Paul connaît plusieurs camps. Il fait partie des hommes qui, avant l’arrivée du convoi à Auschwitz, furent sélectionnés à Cosel pour le travail forcé : il est envoyé au camp de Tarnowitz (Tarnowskie Góry, à une soixantaine de kilomètres au nord-ouest d’Auschwitz) où il reste six mois, puis au camp de Schoppinitz (Szopienice, près de Katowice). En novembre 1943, il est transféré au camp de Birkenau où il reste sept mois puis en mai 1944, au camp de Bobrek, situé non loin d’Auschwitz. Il doit travailler pour la société Siemens. Là, il fait la connaissance de Simone Jacob (Veil), de sa soeur et de sa mère.
Le 18 janvier 1945, emmené dans « l’évacuation », il parvient à s’échapper durant la marche de la mort. Il est aidé par des paysans polonais avant d’être pris en charge par les troupes soviétiques.
Il reste à Cracovie jusqu’en avril 1945 avant d’être rapatrié par le port d’Odessa vers Marseille. A son retour à Revel, il apprend le décès de son père.
Il s’installe à Toulouse, obtient une bourse et reprend ses études. Enseignant dans une école juive de l’ORT (Organisation, Reconstruction, Travail), électronicien, il entame une brillante carrière d’industriel.
Paul Schaffer a été témoin au procès d’Auschwitz qui s’est tenu à Francfort de 1963 à 1965. Président du Comité français pour Yad Vashem, son Président d’honneur, membre du bureau de la Fondation pour la mémoire de la Shoah, vice-président de l’UDA.
Il a publié son témoignage, Le Soleil voilé, republié par les éditions Le Manuscrit en 2020.
Son interlocuteur est Raphaël Esrail dans le témoignage capté par l’UDA.